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"Démarche"

 

Peindre pour moi c’est jouer avec les différentes parties de ce jouet comme un enfant explorateur. Autrefois, le « sujet » n’avait pas d’importance pour moi. C’était advienne que pourra. Le plaisir du geste impulsif primait. Méchante gamine. Vinrent ainsi des visages grimaçants ou paysages torturés au choix de qui regarde. Peu à peu une technique de plis et flaques au sol s’est imposée. Jointe à une envie de couleurs éclatantes, elle m’a conduite à faire des portraits de fleurs en très grands formats.

L’observation de la nature revenait. Je me suis rappelé les notes aquarellées prises lors des promenades à la campagne ou en montagne. J’ai approfondi cette double démarche, d’un côté le pinceau-balai serpillière et les flaques d’eau colorées sur la toile par terre, de l’autre, le soutien de ce que mon oeil voit. Il en a résulté les séries des « Forêts », « Gestes d’eau », « Effilochages » et « Rives ». Lire ainsi la nature m’émerveille chaque fois, à cause de l’apport du hasard.

Puis se sont imposés les habitants des « Forêts », loup garou et autres monstres. Je les ai humblement relevés dans les sculptures et images du moyen âge si prolixe. J’ai éprouvé que ces monstres s’adoucissent quand ils s’entrelacent avec des rinceaux décoratifs. D’où un nouvel apport technique: j’ai ajouté des empreintes de linogravures faites avec ces motifs. Les sédiments laissés sur mes toiles par ma façon de faire jusqu’alors, s’enrichissent, pour offrir ces « paysages intimes ».

Ce qui nous reste du Moyen Age a le charme de l’incomplétude. On imagine ce qui manque. Même lorsqu’elles sont abouties, mes peintures se comportent de même, toujours elles en veulent une nouvelle demain.

Raphaëlle Pia, juin 2014

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