"La Bonne Heure (La Bonheur)"
Mes peintures se déroulent selon le principe de la série, mais le but n’est pas de montrer les phases successives du mouvement. A travers tout le corps jusqu’à la main à bout de bras, l’outil cherche une connexion directe avec les pulsations naturelles. Chaque réalisation laisse un manque et le désir de la suivante. Le même sentiment s’incarne chaque fois autrement. Bien que nombreux, les tableaux peinent à capturer les nuages qui glissent et tentent de s’échapper.
Pratiquer des techniques artistiques c’est jouer avec elles pour que s’ouvrent de nouvelles possibilités. Aujourd’hui je peins au sol avec le « balai serpillière ». Pour témoigner de la Baie de Somme j’ai dû attendre qu’arrivent, après bien des tentatives, certains pliages du support ainsi que de nouveaux instruments. La préparation de la toile puis une façon inhabituelle de manier les outils, font que l’image se révèle comme en photo, à la vitesse de mon impatience.
Dans cette Baie de Somme les marées couvrent puis dévoilent le désert sableux des rives. Nuages et reflets jouent à cache-cache. Parfois je note à l’aquarelle un instant qui me saisit. Mes carnets se remplissent de dessins qu’on pourrait appeler chacun : « la Bonne Heure » A l’atelier ces croquis sont épinglés au mur. Ils recréent les émotions d’où naissent grandes et petites peintures. Quand je parviens à restituer les moments que j’ai vécus, un « Bonheur » intense m’envahit et j’aimerais le partager.
Raphaëlle Pia, mars 2011